5 avril 2013

Cult(ur)e

Après avoir parlé des rapports entre la foi chrétienne et la science, les religions du monde et les philosophies, place à la culture.

Pourtant avant d'entamer un aussi grand chapitre de ce journal, il faut commencer par le commencement, c'est-à-dire la définition des termes, et avant tout, du terme "culture". Mais ne t'attends pas à une définition de la culture - c'est un concept trop complexe pour être formulé en une seule phrase, ou même en un seul article... j'espère seulement pouvoir poser deux fondements de réflexion.

Entre culte et culture. Même si un mot n'a pas que son sens d'origine, ce dernier nous renseigne tout de même. Ainsi culture vient du latin "colere", qui recouvre le champ lexical suivant : habiter (d'où "colonus", colonie, coloniser), cultiver (cultura), protéger et honorer (cultus, d'où l'idée de culte).

Voici donc le premier fondement : La culture est une habitation - un environnement - autant qu'un acte sur cet environnement. Il y a un cercle relationnel entre nous et notre environnement, nous sommes influencés par la culture et nous l'influençons, le tout dans un rapport cultuel - donc religieux.

Cela implique un lien étroit entre une culture et son culte originel, entre une société et la religion qui l'a fondé - ce qui remet en cause la sécularisation et une certaine laïcité - mais nous verrons ça une autre fois.

Changement de sens. Au fil des siècles, le sens du mot a varié, et c'est représentatif des trois mouvements de la pensée occidentale : pré-moderne, moderne et post-moderne.

  • Pré-moderne. De l'Antiquité jusqu'au Moyen-Âge, la culture désignait l'art et la sagesse, d'où la prévalence de la Philosophie, de l'Architecture, de la Sculpture, du Théâtre et de la Poésie, qui véhiculaient notamment les croyances mythologiques puis religieuses.
  • Moderne. Avec les Lumières, la culture désigne ensuite la connaissance et les techniques : l'Encyclopédie de Voltaire en est l'emblème. L'imagination passe - pour ainsi dire - à la trappe, l'important c'est le fonctionnel (et cela se ressent bien dans l'architecture). Et si on reprend l'art grec, c'est pour y dissimuler des symboles idéologiques liés à la connaissance et à la technique (comme les symboles Franc-Maçons par exemple).
  • Post-moderne. Depuis la moitié du 20e siècle, parler de culture, c'est parler d'attitudes et de valeurs, d'où des expressions comme la "culture familiale", ou même la "culture d'entreprise". Tout comme à l'époque pré-moderne et moderne, on cherche à transmettre des idéaux par le biais de la culture.

Voici donc le second fondement : la culture est un moyen de transmission de ces idées, plus ou moins explicites, qui fondent la société, autrement dit, c'est un canal cultuel (ou si tu préfères, un media religieux). Par exemple, la culture contemporaine de notre pays transmet une identité française par la laïcité et son mythe fondateur, la Révolution : être français, c'est être laïque. Il y aurait ici à creuser, mais j'y reviendrai dans un autre article.

Ces deux fondements sont liés : nous influençons et sommes influencés par ce canal cultuel que nous appelons culture. J'ajouterai deux caractéristiques à la culture, tout du moins celle dont je parlerai ici, qui peuvent sembler évidents : elle est humaine (et non animale) et sociale (plutôt qu' individuelle).

Voici la question qui reste maintenant à explorer : dans quelle mesure peut-on agir sur notre culture et/ou s'en préserver pour transmettre et recevoir (ou non) ce qu'elle véhicule, à savoir des croyances, des idéologies, une religion ?

C'est toute la question de la présentation et de la défense culturelles de la foi chrétienne.

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