8 mai 2010

La Bible est-elle historiquement fiable ? (2)

Alors, comment s'en tirent les Évangiles face aux critères de fiabilité historique classiques ? En fait, ils s’en tirent extrêmement bien. Je sais que ça peut avoir l’air un peu fastidieux, mais je vous invite à suivre ces explications pour chaque critères : c’est important.

Critère interne n°1 : L’auteur était-il en position de savoir ce dont il ou elle parle ? Le texte prétend-il être le récit d’un témoin oculaire, ou basé sur le récit d’un témoin oculaire ? Ou est-il basé sur des rumeurs ?

Luc, qui n’est pas un témoin oculaire, nous dit qu’il utilise des sources de témoins oculaires et qu’il cherche à écrire un récit véridique et ordonné des choses qu’il raconte (Luc 1 :14). Jean nous dit qu’il est un témoin oculaire, et les deux autres Évangiles, Marc et Matthieu, sont tous deux écrits de la perspective d’un témoin oculaire, et bien qu’ils ne le prétendent pas explicitement, ils partent de ce principe (style de narration). D’autres sources du début du second siècle confirment que les auteurs de ces Évangiles sont Matthieu, Marc, Luc et Jean (c’est le critère externe n°2).

Critère interne n°2 : Le document en question contient-il des informations spécifiques, et notamment des informations sans pertinence ?

Les Évangiles sont remplis de ce type de détails sans importance qui accompagnent typiquement les récits de témoins oculaires. Laissez-moi vous donner un exemple (qui est d’autant plus significatif qu’il parle de la Résurrection). Lisez Jean 20 :1-8 avec attention. J’ai relevé pour vous la présence de détails sans pertinence.

Le premier jour de la semaine (quand ? quelle importance ?), Marie Madeleine se rendit au sépulcre dès le matin, comme il faisait encore obscur (et alors ?); et elle vit que la pierre était ôtée du sépulcre. Elle courut vers Simon Pierre et vers l'autre disciple que Jésus aimait (la manière modeste qu’avait Jean de faire référence à lui-même, encore une marque d’authenticité), et leur dit: « Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où ils l'ont mis » (notez leur manque de foi ici). Pierre et l'autre disciple sortirent, et allèrent au sépulcre. Ils couraient tous deux ensemble. Mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre (modestie de Jean encore une fois, mais qui se préoccupe de ce détail sans importance ?); s'étant baissé (l’entrée de la tombe était basse, un détail qui est historiquement précis pour les tombes des gens riches de l’époque, or on sait que c'est dans ce type de tombe que Jésus a été enterré), il vit les bandes qui étaient à terre, cependant il n'entra pas (pourquoi pas ? détail sans importance). Simon Pierre, qui était derrière lui (encore une preuve de modestie), arriva et entra dans le sépulcre (l’audace de Pierre est visible dans tous les récits évangéliques); il vit les bandes qui étaient à terre, et le linge qu'on avait mis sur la tête de Jésus (détail inattendu et sans importance, que portait Jésus ?), non pas avec les bandes, mais plié dans un lieu à part (peut-on imaginer détail moins pertinent, et moins ordinaire que ça ? Jésus a plié une partie de Ses bandages avant de partir !). Alors l'autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra aussi (peu importe dans quel ordre ils sont entrés !).

J’espère que vous voyez ce que je veux dire. Il n’y a absolument aucune raison de donner ce genre de détails sans importance. Cela n’apporte rien au scénario, sauf que ça fait simplement partie de ce qui s’est passé, alors l’auteur en parle comme il se souvient de l’événement. Les Évangiles sont pleins de ce genre d’informations.

Critère interne n°3 : Le document est-il autocritique ?

Les Évangiles sont aussi pleins de détails autocritiques. Par exemple, dans le récit de la Résurrection que vous venez de lire, il est dit qu’une femme a été la première à découvrir la tombe vide. Mais cela ne pourrait que discréditer le témoignage des premiers chrétiens, car les femmes, dans la culture juive du premier siècle, étaient considérées comme d’indécrottables commères. Elles ne pouvaient même pas témoigner au tribunal (et c’est pourquoi Paul n’inclue aucune femme dans sa liste de gens qui ont vu le Christ ressuscité dans 1 Cor. 15).

De plus, les disciples sont constamment décrits sous un mauvais jour. Et même certains aspects de la vie de Jésus sont inclus qui, si l’histoire avait été inventée pour convaincre les gens qu’il était le Messie, auraient été exclus. Par exemple, sur la croix, Jésus crie « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi M’as-tu abandonné ? ». Alors, c’est vraiment pas ce que l’on attendrait du Messie, particulièrement si le Messie est censé être divin. C’est une affirmation difficile, mais ça prouve ce que j’essaie de vous dire. Le seul motif qu’on pourrait avoir pour inclure cela dans ce récit est que Jésus l’a vraiment dit !

Critère interne n°4 : Le document est-il raisonnablement cohérent ?

Les Évangiles font une description cohérente de Jésus et de ce qu’il a fait, de même que des événements qui ont rempli Sa vie. Si les quatre récits ont été fabriqués individuellement, d’où vient cette cohérence ? Mais il y a aussi des différences significatives dans chaque récit, montrant les différences relatives de leurs perspectives. Si les récits avaient été fabriqués ensemble, leur cohérence serait plus grande qu’elle n’est.

Critère interne n°5 : Y a-t-il des preuves d’ajouts légendaires successifs dans le document ?

C.S. Lewis était professeur à Oxford et expert en mythologie ancienne. Il a dit « en tant qu’historien littéraire, je suis parfaitement convaincu que quoi que soient les Évangiles, ce ne sont pas des légendes. J’ai lu beaucoup de légendes, et il est très clair que ce n’est pas le même genre de chose ».

Les Évangiles contiennent bien des actes surnaturels, mais les récits que nous trouvons dans les Évangiles n’ont aucune des caractéristiques de la mythologie ancienne. Ils sont très sobres. Il n'y a par exemple aucune description de la résurrection, pourtant le point central de la foi chrétienne ! Alors qu'il aurait été facile d'inclure un récit spectaculaire qui place Jésus dans toute sa gloire et impressionne les gens crédules.

Les critères externes seront abordés dans le prochain article.

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